J’assiste au
concours à critère qu’est la finale locale de cégep en spectacle au Cégep
Beauce-Appalaches de mon plein gré en tant qu’étudiant au certificat en culture
musicale à l’université Laval, car c’est pratiquement le seul endroit où il est
possible d’entendre des créations musicales locales de jeunes musiciens ne
subissant pas encore directement les pressions artistiques de l’industrie musicale,
bien que leur propre perception n'en soit probablement affligée et que l’institution
elle-même agisse à des fins lucratives.
Après avoir
craint le mot du directeur stressé s’entama la cérémonie spectaculaire de
recrudescence talentueuse concentrée. D’abord un duo dansant masculin aux
origines africaines démontra son identité à travers des danses modernes sur
quelques beats, dont un de style
« trap » avec la basse fortement syncopée le charleston mitraillé.
C’est sur une attitude de défi de la part de son comparse que l’un présentait
son solo mouvementé.
La première
performance vocale de la soirée suivit, soit une interprétation statique et
réservée malgré le nombre (4) de chanteuse, qui pourrait expliquer par contre
l’insolence harmonique des voix, d’une toune de Mark Duprey.
L’humoriste en
herbe que j’ai connu il y a quelques années dans Brown Town Story (court-métrage épique diffusé en différé sur
Youtube) Patrick Couture, figurant suivant sur le programme unique, dévala
habilement son exposé interactif qui su faire entendre des propos qui auraient
fait gronder les féministes extrémistes qui peuplent les villes tout en idolâtrant
son modèle maternel.
[Petite parenthèse
pour souligner la perpétuation des traditionnelles animations à thématique
bidon, dont le moment le plus marquant fut un interprétation ascendante majeure
d’Au clair de la lune.]
La pièce d’après s’intitulait Vole et elle traitait d’un sujet spirituel :
la mort. L’introduction pianistique boiteuse me fit rire, mais je n’aurais pas
eut le temps de prononcer « euphorie » qu’une voix grave capta mon
attention : celle de la chanteuse du nom de Clarence Beaulieu, qui
pénétrait curieusement la marche funèbre. Les sombres motifs vocaux employés
dans les phrases de registre grave de l’introduction contribuèrent à la mise en
lumière des mélodies audacieuses chantées dans l’oisellerie de l’aigu au cours
des refrains.
Et, un quartet
de style cabaret a mis en musique le poème Ah comme la neige a neigé d’André Sauvé. Le résultat était
assez ressenti pour ce que peut atteindre une œuvre aussi surutilisée que
cet exemple de Nelligan. J’ai bien aimé le swing
du groupe reprenant Fais-moi mal Johnny
de Vian.
Ensuite, la
composition du duo humain du nom de Dualité vocalisa une mélodie plutôt
uniforme sur la structure de nos bonnes vieilles quadrilles. J’aurai beau dire
que les Québécois avons le pied pesant sur la quadrille : même la famille
Soucy marquait rigoureusement du pied chaque temps. La performance retenue de
standards était à l’image de la culture beauceronne actuelle.
La suite
cérémoniale objective offrit à ce moment précis tribune à des instrumentistes
droits à prestation radiophonique. Le chanteur atteignait avec justesse ce timbre recherché
par les dépisteurs radio que tentent d’imiter la plupart des chanteurs
beaucerons à cause de l’aliénation radiophonique. Cette course divertit
toutefois trop souvent les êtres humains de leur instinct vocal sans lequel ils
ne peuvent s’épanouir. Le morceaux en question intitulé Je tombe, se termina sur une envolé shoegaze, cérébralement en phase avec mon audition récente du
dernier album d’Alcest.
Je me permis
de ne pas écouter la démagogie du huitième numéro concernant l’au-delà du
raisonnable du rêve américain : la prédiction d’une combinaison de loterie.
Combien me trouvais-je honteux en ne voyant rien de moins qu’un standing ovation à l’annonce de la série
de chiffre en question...
La composition
instrumentale de la soirée se vit propulsée par un claviériste maniant un
instrument de marque Roland dégageant une sonorité directement empruntée au Moog des
années 70. Vous avez déjà entendu ce timbre si vous avez visionné la première
scène d’Orange Mécanique. Quand
l’orchestre rock au complet est parti, c’était pour accompagner un solo de
guitare de Steven Fortin. Ce guitariste avait toute qu’un son cheezy 80’s, ce qui toutefois
contrastait esthétiquement avec la décennie précédente qu’évoquait le clavier.
Le problème est que mes attentes structurelles établies par le son du clavier,
relatives au rock progressif, connurent la déception d’une power-ballad hermétique. En secondième, mais non la moindre pièce,
jouée dans le même ordre esthétique que la première sauf une fonction sonore du
synthétiseur colorée à l’orientale (ajustement décennal), mit en scène des
prouesses techniques effectuées derrière le cou par Steven Fortin.
Que je veuille
rendre grâce aux sœurs Poulin pour leur numéro de danse malgré mes prédispositions
manquantes dans ce domaine et ma carence de ferveur quant à l’emploi de musique
préenregistrée en spectacle n’égare pas le respect que j’éprouve pour elles.
Leur démarche hypnotisante, charmante et féerique dans une ambiance mythique,
naturelle et pure m’aura fait oublier le temps.
Enfin, de
nombreux musiciens se sont présenté sur scène pour clôturer la cérémonie
spectaculaire de recrudescence talentueuse concentrée sous le nom de Mélodique
Délirium en interprétant une version traduite d’une chanson anglophone qui
s’intitula pour l’occasion : Comme
autrefois.
Il fallait
ensuite voter pour son numéro favori, mais j’étais venu pour un spectacle et
chaque numéro constituait une partie intégrante de cette unité spectaculaire,
cet événement mobilisant tant de ressources humaines distinctement
indispensables à l’impression générale qu’elle m’aura laissé quant à la
direction culturelle locale. Je m’abstins donc de participer à la nomination
d’un récipiendaire du cachet unique qui aurait du être séparé entre chaque
participant. Au fait, je suis parti à ce moment... Qui donc aura été couronné?