La culture musicale américaine naquit
dans une crise identitaire de la nouvelle nation américaine avec les minstrels,
porte d’entrée pour l’influence africaine chez les Américains européens malgré
une base de mauvaise foi. L’influence de ces spectacles sera amplifiée par son
succès économique, influençant de riches tenanciers qui verront un marché
potentiel dans la marchandisation d’une pseudo-culture pan-états-unienne basée
sur l’intégrisme culturel dans ce contexte multiethnique. Cet élitisme nouveau
sera le véhicule du rêve américain: mythe de la mobilité sociale orienté selon
ses critères mercantiles, visant avant tout les gens de la haute société
(héritiers de la musique savante européenne).
Le blues des Noirs et le country
des Blancs du Sud seront polis par les barons dans les années 20-30 (race records, hillbilly), mais ils pousseront trop loin leur 'opportunisme' (monopole) commercial. Résultat: un boycott des stations de radio, qui ne pouvaient accepter une hausse de 600% des droits d'exécutions. Elles se tourneront
vers les minors pour leur contenu
musical, faisant ainsi la promotion des musiques plus authentiques, soit le
blues urbain (R&B) et le country,
auxquelles les oreilles purent s’habituer plus radicalement. Le rythme de
l’intégrisme culturel de Tin Pan Alley se vit dépassé par l’exposition brute
d’une esthétique qu’elle dissimulait, ce qui servit symboliquement à ériger les
bases d’une contre-culture chez les jeunes baby-boomers dans une société rigide
et plastique d’hédonisme implicite.
Le rock & roll, aux fortes
influences afro-américaines, aura été le point culminant de la controverse que
tentait de contenir l’industrie, soit cette remise en question de la société
lui appartenant. C’est à ce moment que de réels rapprochements s’effectuèrent
entre les races. Les jeunes blancs prirent conscience de la réelle position
sociale des Afro-américains, auxquels ils s’identifièrent réellement en tant
qu’Américains. Il faut mentionner l’effort réussi de Tin Pan Alley d’adoucir le
rock and roll au début des années 60, mais le baby-boom continuait de s’étendre
et la jeunesse se politisait, si bien que la contestation révoltée du rock and
roll se pacifia dans le psychédélisme, qui connut une popularité si grande
qu’il est vite tourné à l’avantage de l’industrie musicale. Pour contrer cet
effet d’esthétique populaire mobile, les jeunes contestataires des années 70
créèrent un anti-esthétique : le punk et DIY.
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