[1] PIRENNE, Christophe, Une Histoire musicale du rock. Fayard, Mesnil-sur-L'Estrée, 2011, p.529.
[2] MARTIN, Bill, Avant Rock: «Experimental music from The Beatles to Björk». Open court, Chicago, 2002, p. 108.
[3] CATEFORIS, Theo, Progressive Rock Reconsidered (Edited by Kevin Holm-Hudson), «How Alternative Turned Progressive: The Strange Case of Math Rock». Londres et New York: Routledge, 2002, p.257 : «…experimental attitude, and a desir to expand popular music's language.»
[4]http://noisey.vice.com/blog/read-the-most-amazing-letter-from-steve-albini-to-nirvana
[5] CHARLTON, Rock Music Styles, Blacklick : McGraw-Hill Companies, The, 7th ed., p.298.
[7] MARTIN, p.112: «Slint is often associated with a trend called "Math rock", wich sounds like the reemergence of progressive rock.», «[Slint] gave the permission to young musicians in the early 90s to think about making more complicated music.»
[8] DETTMAR, Kevin J. H., Think Rock. Pearson education, New Jersey, 2011, p. 211.
[9]MARTIN, p.159: «[Ruins] are transmuting a large array of influences […], always in a "language" of their own invention." Ruins (1992):http://www.youtube.com/watch?v=mDUNQKEwRQM
[17] PIRENNE, Christophe, Une Histoire musicale du rock. Fayard, Mesnil-sur-L'Estrée, 2011, p.626.
C'est surtout à travers le post-hardcore qu'une tendance aux compositions plus complexes sera observée, mais le rock alternatif revisitera lui aussi le rock progressif, ainsi que plusieurs formations instrumentales qui démontreront également une volonté implacable d'innover le rock. À ce propos, l'instrumentation reste presque toujours essentiellement constituée des instruments typiques du rock, à quelques exceptions près, comme cet exemple intégrant un saxophone:
Our Daily Fix.
Le rythme
rock alternatif
La tendance du 4/4 était fortement imprégnée dans la tradition rock alternatif, mais certains musiciens ont commencé à prioriser des divisions asymétriques dans les mesures de 4/4, d'abord plus grossièrement en jouant 3/4 + 5/4 pour un total de 8/4 assez cohérent. L'album
Zen Arcade (1984), étiqueté "math-rock" sur le site rateyourmusic.com, oppose des rythmes binaires et des triolets frénétiquement en alternance sur les deux premières pistes, ce qui illustre clairement l'idée de contraste rythmique du math rock à ses débuts. L'asymétrie aura ensuite atteint une division métrique plus petite, en collant deux mesures de 9/8 et de 7/8 comme
Slint sur l'album
Spiderland. Ceci permettait de complexifier le riff et d'y intégrer plus aisément les parties chantées. Un des meilleurs exemples du subdivision des débuts du rock alternatif reste la pièce «
Joan of Arc» (1989) de
Bitch Magnet. Bâtie sur une métrique ternaire stable, elle propose d'emblée un riff qui, à sa deuxième répétition, est complètement défiguré. Par ailleurs, à certaines occasions, le riff pouvait être exécuté sur une métrique explicitement impaire, mais les variations que l'on lui apportaient restaient assez modestes et il était intégré dans une forme conventionnelle.
Le riff métal
Parallèlement aux divergences du rock alternatif se sont également produits quelques groupes instrumentaux dans un créneau plus métallique. L'album
…And Justice For Allde
Metallica aurait été un point tournant dans l'évolution du riff: «Metallica turn heavy metal's melo-drama into algebra […] use up and discard hundreds of riffs.[1]» La première pièce de l'album, «Blackened», propose ses riffs sur du 7/8 autant que du 6/8 ou du 4/4. Supposons que le riff en 6/8 soit x, ses variations seraient x+1 ou x+2. Le groupe Breadwinner, est l'un des premier à avoir intégré cette complexité dans une esthétique purement expérimentale. On peut les voir à l'action sur ce
vidéo, dont il est conseillé de sauter les cinq premières minutes. Avec ses harmonies plus riches, ses riffs plus tordus et ses tournures rythmiques des plus surprenantes pour l'époque, voire absurdes, ce trio annonce de loin la liberté rythmique de la génération de musiciens à venir. À ce propos, la pièce «
Organs 2.0» parue sur l'album digital
Pervertigo de Bu Hao Ting démontre à peu près dans le même registre sonore le niveau de complexité qui se développera au sein de ce type de formation. D'autre part, plusieurs groupes associés au math rock emploient la technique de tapping développée dans les solos de métal, celui de la pièce «One» de Metallica par exemple, sauf que le motif joué à deux mains sur le manche reste propre à la structure rythmique sans s'en détacher à la manière d'un solo de
thrash metal [2].
La forme
Don Caballero constitue une forme plus puriste du math rock. La pièce «
Stupid Puma» paru en 1995 sur
Don Caballero 2 est un bon exemple de structure propre au math rock. La pièce est basée sur un riff dans une métrique impaire, un tempo rapide, et ce riff est soumis à plusieurs variations soit harmoniques ou métriques dans une forme libre, bien que quelques parties peuvent tracer la ligne directrice de l'œuvre: dans ce cas précis l'évolution du riff d'introduction. Je vous suggère d'écouter la pièce en suivant le tableau structurel joint à l'article.
40 Rods to the Hog's Head» (
Drugs to the Dear Youth, 2007, Sargent House) de
Tera Melos est un bonne exemple de forme libre, la place de l'improvisation dans la partie centrale de la pièce fait en sorte que l'interprétation peut évoluer avec le groupe à la manière des groupes de jazz. D'ailleurs, si le batteur de la première parution de la pièce est de tradition plus jazzistique. Les dernières interprétations de la pièce par le groupe le démontrent, comme celle-ci datant de
2013. (À noter qu'une introduction de 38 secondes précède la pièce)
À mesure que le math rock se détachera du rock alternatif, sa forme deviendra de plus en plus libre, soit spécifique à chaque œuvre pour les groupes les plus radicaux, bien qu'en riff principal peut parfois réapparaître au cours de la pièce. «
La texture
La relation entre les différents instruments de l'esthétique math rock est d'ordinaire compacte, constituant un amas polyrythmique. C'est d'ailleurs sur ce point que le math rock diffère le plus du métal. En effet, si la virtuosité est un élément important du langage math rock, c'est dans une optique d'ensemble cohérent et serré. La distinction entre les rôles classiques des guitares, soit
lead et
rythm, est aboli au profit de relations contrapuntiques entre les instruments harmoniques. Si il peut apparaître quelques bribes rappelant une envolée soliste, c'est souvent à titre ironique, bruitiste et de façon brève, le guitariste reprenant sa place dans la structure rythmique.
L'harmonie
L'aspect harmonique du math rock est souvent à l'image de son rythme. En effet, dépendamment du style précis de musique, soit mathcore ou math-pop, les harmonie seront respectivement extrêmement dissonantes ou construite sur des consonances. C'est ainsi pour les genres radicalisés dans les conventions novatrices apportées par le math rock dans d'autres univers musicaux, mais lorsqu'il est question du math rock pur, les harmonies sont souvent étranges, même comiques. Les guitaristes tendent à expérimenter les accords non-conventionnels en ajoutant des notes dominantes, ce qui donne des harmonie souvent chargées qui peuvent parfois rappeler le jazz. De plus, les relations contrapuntiques entre les différents instrumentistes peuvent parfois apporter davantage à la richesse harmonique. Le groupe U.S. Maple est un bon exemple de mélange entre la dissonance que peut atteindre un groupe de rock alternatif comme Sonic Youth en employant toutefois combinaisons métriques inhabituelles: «
Hey King»,
Long Hair In Three Stages, 1995, SkinGraft Records.
Mathcore
Le mathcore s'est défini au début des années 2000, principalement de par le succès du l'album
Calculating Infinity du groupe
The Dillinger Escape Plan (TDEP) en 1999 paru sur Relapse Records. Cet album fait preuve d'une agressivité et d'une complexité évidentes caractérisant mouvement d'intégration de l'influence du rock progressive dans le monde de la musique extrême. Si quelques groupes comme
TDEP,
The Fall of Troy,
Protest the Hero et
Between the Buried And Me (BTBAM) garniront leur compositions de lead guitars solistes par endroit, c'est en intégrant des influences plus propres au métal progressif, d'où l'étiquette «mathcore progressif» parfois désignée à BTBAM, dont les compositions peuvent parfois atteindre les quinze minutes: «
Swim To The Moon»,
The Great Misdirect, 2009, Victory Records. Dans une optique plus puriste, il est donc nécessaire de faire mention de l'œuvre des groupes
Botch et
Coalesce qui à la fin des années 1990 offraient des ensembles sonores plus compacts et interdépendants dans le mixage pour une sonorité qui n'était pas sans rappeler celle des formations instrumentales
Don Caballero et
Breadwinner, sauf l'ajout d'un chanteur qui crie.
Math rock pure*, progressiste
L'émancipation du math rock en tant que discipline instrumentale expérimentale connaîtra une radicalisation libératrice spectaculaire pendant les années 2000. La division des métriques impaires dans des combinaisons asymétriques offrira ainsi pratiquement une infinité de combinaison, mettant au défi les musiciens les plus fanatiques. Quelques exemples de
Hella (2002)
Cheval De Frise (2003) et d'
Achleuchatistas (2009) ne font pas de doute sur la profondeur du langage développé entre les musiciens. Zach Hill, actuel batteur de
Death Grips, aura repoussé les limites de la batterie en atteignant des subdivisions rythmiques excessivement courtes et subtiles. Son travail au sein du duo
Hella nécessite l'exerice auditif de l'auditeur attentif avare de résoudre ses variations métriques. Son jeu le plus extrême sera démontré dans sa collaboration avec le guitariste
Mick Barr, avec son jeu linéaire effreiné, sur l'album
Shred Earthship paru en 2006, sur lequel toute tentative de résolution métrique par le décompte mental de la pulsation y est vaine, causant des maux de tête. *Ce courant «pure» que j'ai désigné concerne les actes postmodernes, complètement détachées des contraintes économiques et de son influence sur la musique.
Mathrock/emo
Le rapprochement entre le math rock et l'indie rock s'est fait principalement chez des groupes qui sont également associés à l'emo, privilégiant les chants doux ou criés avec des riffs effectués souvent dans le registre clean de la guitare électrique. La technique de
fingerpicking est courante chez ce genre de groupes, et les mesures, quoique souvent impaires, dans une exécution masquant l'irrégularité métrique. Après
Cap'n Jazz et Slint mentionné plus haut, le groupe
American Football aura participé à la propagation du genre avec son album éponyme de 1999. Le groupe
Owls laissera paraître un des meilleurs albums du genre en 2001. Notons les albums de
Pretend, qui exploitent cet esthétique dans des compositions assez développés quant à la forme, et
Algernon Cadwallader, dont les parties vocales semi-chantées et semi-criées sur des riffs en fingerpicking tout en expérimentant les métriques impaires. Une partie des guitaristes de ce courant emploieront une technique d'
open tuning à la guitare, favorisant les harmonies plus conventionnelles en ajoutant certes des notes dominantes pour ajouter de la couleur comme dans le jazz.
Le math rock et l'électro
Certains groupes auront voulu intégrer des sonorités électroniques à leurs compositions, comme les formations instrumentales
Chevreuil en France et
Lightning Bolt aux États-Unis. Alors que le premier utilise des sons synthétisés pour ajouter à une ambiance polyrythmique plutôt dansante, le deuxième utilise divers effets pour modifier le son de la basse sur des rythmes plutôt répétitifs à la manière du techno, mais le batteur modifie ses accentuations afin de créer des effets polyrythmiques. L'exemple de «
2 Towers» de l'album
Wonderful Rainbows paru sur Load Records par Lightning Bolt démontre la recherche d'une ambiguïté entre une métrique ternaire et binaire dans sa partie centrale par la variation de ses accentuations.
[1] CATEFORIS, Theo, Progressive Rock Reconsidered (Edited by Kevin Holm-Hudson), «How Alternative Turned Progressive: The Strange Case of Math Rock». Londres et New York: Routledge, 2002, p.255.
[2] CATEFORIS, Theo, p.246: «... math rock frowns upon virtuosity for the sake of showmanship. [...] While math rock songs may be technically imposing and demonstrate the player's dexterity, at no point they are virtuosic in the sense that many would understand that term. The song's unified complexity collapses the distinction between figure and ground. [...] The Dionysian heroic lead is cast aside, leaving only the music's skeletal framework of riffs and patterns.»¸
L'esthétique math rock dans son espace social
Pour tracer le lien entre l'esthétique musicale du math rock et son espace social, il serait intéressant de considérer ce style musical comme une pratique illustrant une vision postmoderne en réaction à l'irrationalité de la globalisation des insitutions modernes en relation avec la raison positive de l'école de Frankfurt. Il est d'abord toutefois nécessaire d'établir quelques fondements de la théorie critique qui ressort de cette école, qui qualifie la société américaine en tant qu'autoritariste. Ensuite, il sera question de situer le math rock auprès d'une définition de la postmodernité dans le cadre du progrès social occidental.
La théorie critique de l'école de Frankfurt a permit d'arriver à la conclusion que «les sociétés modernes non fascistes (sic) demeurent néanmoins en proie à l’autoritarisme, la culture de masse et les médias de masse deviennent les moyens privilégiés de détruire et d’assujettir la subjectivité humaine.
[1]» C'est ainsi que par l'exposition exclusive de ses produits standardisés, l'élite capitaliste constituant la superstructure sociale véhicule un contenu basé sur une raison instrumentale «qui écarte volontairement toute considération de justice, de beauté, d’égalité, de vérité, etc. au profit du seul critère de l’efficacité.
[2]» considérant l'œuvre d'art comme un moyen (de faire du profit) et non comme une fin, en opposition à la raison positive, soit celle qui seraient à la recherche «du vrai, […] du beau, du bon et du juste, et donc, [cherche] l’institution d’une meilleure société
[3]».
Dans ce contexte, le math rock se situe au niveau de l'infrastructure, puisque ses origines se situent au début de la carrière de Steve Albini, producteur autonome symbolique dans cet essai, qui, comme il l'expliquait dans sa lettre à Nirvana, ne trouvait aucun intérêt à ajouter des standards à la production culturelle de son époque. Il se dissocie ainsi de la modernité aliénante pour créer des produits individualisés en phase avec les inspirations propres aux groupes de musique, sans être soumis aux exigences d'intérêts supérieurs qui n'ont rien de musical. Les musiciens ont ainsi pu retrouver leur subjectivité, puisque la nouvelle accessibilité des moyens de production aura rendu désuète la dépendance des créateurs envers l'industrie en éclairant du même coup l'influence régressive de la standardisation appliquée par elle. Ainsi, le niveau de complexité de la musique portait avec lui les germes de la société postmoderne en développement en s'opposant explicitement à l'aliénation culturelle découlant de l'application de la raison instrumentale dans le domaine de l'art, logique régissant l'oligarchie de méga-corporations qu'est devenue l'industrie de la musique en association avec les médias et les distributeurs.
D'autre part, l'arrivée d'Internet et «[la multiplication des] réseaux de communication à travers la planète [aura donné] pour la première fois aux hommes, dans toute leur diversité ethnique et géopolitique, la possibilité de mettre en commun leur mémoire et de partager par là sous la forme de l'électronique, un langage ou un idiome commun.
[4]» Pour ainsi dire, les artistes qui ont fait fi de l'industrie du disque en s'occupant eux-mêmes de leur entreprise artistique ont quand même eut accès au patrimoine musical en constante expansion qui se trouve sur Internet. Tout individu ayant accès à Internet peut se joindre assez librement à des communautés catégorisées par groupes d'intérêts, donc les mélomanes, et d'abord ceux qui ne s'identifiaient pas aux valeurs véhiculées par la superstructure. Par conséquent, il y a eut moyen d'assister sur Internet à une forme de néo-tribalisme postmoderne permettant de perpétuer du rock progressif non-seulement sa liberté paramétrique (et métrique), mais également l'idée de l'importance de l'introversion qui planait dans l'ère du psychédelisme.
Ce serait au sein de ces communautés se serait développé l'idée du math rock, soit un langage musical en opposition au point de vue de tous les paramètres musicaux, particulièrement l'aspect rythmique, avec le moule de l'industrie, le mettant ainsi en évidence. Cette dernière constatation me rappelle d'ailleurs mes cours d'algèbre: la mise en évidence d'une variable au sein d'une fonction, dans ce cas-ci au sein du paysage musical réel. En effet, avec la liberté de création atteinte dans l'autoproduction ou celle de visionnaires comme Steve Albini, certains groupes ont complètement laissé de côté les attentes préétablies par les standards, et c'est spécifiquement cette branche que je désigne en tant que math rock "pure et progressiste", car l'introversion totale du langage musical donne une oeuvre purement authentique, dont l'influence externe (inévitable) est tout d'abord «subjectivisée» par son intégration au langage, à la vision propre au musicien. La place de ces musiciens dans la dialectique du rock pèse sans doute du côté de la postmodernité dans l'optique du progrès de la société occidentale. Ce qui nous amène au concept d'indifférenciation sociale.
La postmodernité est donc constatable quand il y a un détachement de l'individu face à la pression sociale exercée par l'élite de la société moderne. Ce processus est désigné par Claude Chastagner comme étant l'indifférenciation sociale, qui, dans son absolu de tolérance, devrait faire en sorte que la société finisse «avec autant d'identité que d'individus
[5]». C'est donc dans cette logique que s'inscrirait le développement du math rock en favorisant l'élaboration de langages propres entre les musiciens, ce qui limite les possibilités d'adaptation par les musiciens moderne, freinant du coup l'institutionnalisation du «principe mimétique, [soit] l'effet de mode
[6]», puisque l'authenticité et le niveau de complexité de l'œuvre math rock rend la tâche imitative trop hardi pour qu'il en vaille la peine, encourageant du même coup l'introversion subjective du musicien fanatique et la création de son propre langage musical personnel en conséquence de ses impressions quant à son bagage musical. Ces pratiques culturelles associées à la postmodernité agissent comme des repères identitaires en soi, l'individu a positivement raison de s'identifier à un système qui lui est proprement subjectif, ce qui lui permet de délaisser l'objectivité institutionnel en affirmant ses singularités «pour contrer la violence induite par l'uniformité politiquement correcte
[7]» qui exerce une certaine forme de discrimination. L'auteur va même jusqu'à affirmer que «plus le désir aspire à la différence, plus il engendre l'identité
[8]», car l'individu bâti son identité à partir de l'intériorisation de son expérience personnelle sans s'accrocher à des "vérités" externes.
Le math rock serait donc associé à une vague d'individualisation des pratiques qui serait en opposition directe avec la globalisation des institutions modernes et son effet de nivellement des goûts et des pratiques culturelles. Le math rock serait né d'une volonté d'indifférenciation engendrée par le besoin de diversité, prouvant que l'identité collective imposée par la superstructure n'est pas un repère suffisamment rationnel pour aboutir à l'adhésion totalement passive de l'ensemble de la société, et ce, malgré ses fondements issus de la raison instrumentale. Du même coup, cela témoigne de la justesse de l'approche francfortoise en opposition avec la culture de masse impérialiste. Toutefois, la modernité n'en est pas révolue pour autant, et c'est d'ailleurs pourquoi le math rock est devenu au cours des années 2000 une catégorie musicale, un nouveau marché à exploiter pour les labels.
[1] ATTALLAH, Paul,
Théories de la communication, Presses de l'Université du Québec, 1991, p.193.
[4] GAILLOT, Michel.
Les raves, «part maudite des sociétés contemporaines». p.115
[5] CHASTAGNER, Claude, Presses universitaires de France, Paris, 2011, p.216.
Commentaire personnel
L'élaboration de ce blogue sur le math rock m'aura tout d'abord permis de me situer personnellement par rapport à l'histoire de la musique. En effet, j'ai passé beaucoup de temps sur Internet à rechercher des groupes de musique utilisant des métriques irrégulières tant j'étais fasciné par le niveau d'originalité qu'il était possible d'apporter au rock standard. Vers l'âge de 15 ans, je développai ce type de fanatisme associé au décompte obsessif des mesures, ce qui me poussait à toujours rechercher des défis supplémentaires, donc à approfondir ma recherche encyclopédique du sujet. Vers 18 ans, ayant accès à tous les moyens nécessaires à la production musicale (de base), je me lançai dans la composition, dans l'autoproduction dans la cave de mes parents à St-Alfred. De plus, je présentai même une de mes pièces (
L'homme du quotidien) à la finale régionale de «Cégep en spectacle» en Beauce. Après avoir consulté mon blogue, vous comprendrez sûrement pourquoi j'y avais semé l'incompréhension, mais à l'époque, tout n'était pas si clair dans mon esprit, bien que je ne doutasse aucunement de la pertinence de mon travail. Ce travail m'aura donc permis de mieux comprendre mon désir d'indifférenciation dans le contexte des actuelles mutations sociales.
D'autre part, je ne m'étais jamais vraiment appliqué à filtrer et à organiser l'information que j'avais emmagasinée dans le but de la communiquer à autrui. J'ai ainsi eu l'opportunité de synthétiser mes connaissances sur un sujet qui me passionne. L'essentiel est donc que le math rock est un repli intériorisé du musicien en opposition avec la pression sociale induite par la standardisation à l'échelle du globe. L'apparition d'Internet offrit une plateforme de partage complètement libre de l'intérêt commercial permettant de partager la musique en tant que fin, ce qui était rendu impossible à cause de l'emprise économique des méga-corporations.