mercredi 21 mai 2014

L'industrie musicale américaine: des débuts (~10s) aux années 70

La culture musicale américaine naquit dans une crise identitaire de la nouvelle nation américaine avec les minstrels, porte d’entrée pour l’influence africaine chez les Américains européens malgré une base de mauvaise foi. L’influence de ces spectacles sera amplifiée par son succès économique, influençant de riches tenanciers qui verront un marché potentiel dans la marchandisation d’une pseudo-culture pan-états-unienne basée sur l’intégrisme culturel dans ce contexte multiethnique. Cet élitisme nouveau sera le véhicule du rêve américain: mythe de la mobilité sociale orienté selon ses critères mercantiles, visant avant tout les gens de la haute société (héritiers de la musique savante européenne).
Le blues des Noirs et le country des Blancs du Sud seront polis par les barons dans les années 20-30 (race records, hillbilly), mais leur opportunisme commercial les dépassera lorsqu’ils seront boycottés par leur principal outil publicitaire : les stations de radio, qui se tourneront vers les minors pour leur contenu musical, faisant ainsi la promotion des musiques plus authentiques, soit le blues urbain (R&B) et le country, auxquelles les oreilles purent s’habituer plus radicalement. Le rythme de l’intégrisme culturel de Tin Pan Alley se vit dépassé par l’exposition brute d’une esthétique qu’elle dissimulait, ce qui servit symboliquement à ériger les bases d’une contre-culture chez les jeunes baby-boomers dans une société rigide et plastique d’hédonisme implicite. Naquit alors une forme de dialectique opposant la musique plus progressiste des minors aux produits conservateurs de l'industrie.
Le rock & roll, aux fortes influences afro-américaines, aura été le point culminant de la controverse que tentait de contenir l’industrie, soit cette remise en question de la société lui appartenant. C’est à cette période que de réels rapprochements s’effectuèrent entre les races. Les jeunes blancs prirent conscience de la réelle position sociale des Afro-américains, auxquels ils s’identifièrent communément en tant qu’Américains en opposition à la classe dirigeante. Il faut mentionner l’effort réussi de Tin Pan Alley d’adoucir le rock and roll au début des années 60, mais le baby-boom continuait de s’étendre et la jeunesse se politisait, si bien que la contestation révoltée du rock and roll se pacifia dans le psychédélisme et les musiciens issus de la tradition savante ou jazzistique contribuèrent même à l'expansion de la pression progressiste sur le conservatisme de l'industrie. Toutefois, la désillusion et le cynisme nourrirent bientôt l'esprit des baby-boomers, ce qui profita aux plus puisants de l'industrie qui put confortablement installer son esthétique conservatrice auprès des distributeurs.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire